Le Cinéma

Publié le par Madame BURDIN

                        LE CINEMA

 

 

 

 

 

 

 

 

                       Par Madame BURDIN, retraitée du neuvième arrondissement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                       

    Ils ont fermé les uns après les autres, ces grands et petits cinémas de quartier. Ils étaient un pôle, une halte où notre vie échappait à son quotidien triste, ou monotone. Il s'y passait tellement de choses qui nous permettaient de nous évader pendant quelques heures, où nous n'étions plus nous-mêmes, en oubliant tout.

 

 

 

                        Je me reproche une sensibilité, plutôt une sensiblerie, lorsque je pleure en écoutant Eddy Mitchell chanter : «  La dernière séance ».

 

 

 

 

                        Henri Béraud, dans son livre : « La gerbe d'or » raconte ses souvenirs de petit garçon qui, pour la première fois a assisté à une représentation cinématographique à Lyon, où son père était boulanger à l'enseigne : «  La gerbe d'or ». C'était le 27 Janvier 1896.

                       

 

                                                  

 

   Je recopie son texte :

""En route, dit le boulanger, je vous emmène voir le cinématographe. "

"Et voilà la famille Béraud au grand complet qui va voir ce qu'on a "jamais vu. Un rez de chaussée clos à volets sombres à l'angle de la "Rue de la République et de la Rue Pizay. Une double porte à pans "coupés, une enseigne en calicot : La photographie animée. Les "séances ont lieu tous les soirs de 5 heures à minuit. Prix d'entrée : 50 "centimes.

                        "On avait un mois plus tôt projeté à Paris une "pellicule dans le sous-sol au «Grand Café », à l'angle de la Rue "Scribe et du Boulevard des Capucines. Les autorités de Lyon "n'eurent point besoin d'organiser des barrages. Au bout de "deux jours, l'agent de service semble destiné à compter les visiteurs "plutôt qu'à les contenir. Un homme de temps à autre élevait la "voix :« Venez voir les vues animées du cinématographe Lumière. "Venez voir. 50 centimes 10 sous. Pour l'enfant : 5 sous ».

                        "Quelques curieux se laissaient tenter. Les autres se "perdaient dans l'épaisse et trouble nuit de Lyon.

            "Une main invisible soulevait la tenture : sous un triste "lustre, environ 50 chaises cannelées s'alignaient et, aux quatre coins, "quatre peintures du genre vitrail représentaient les saisons. Du côté "opposé à l'entrée, un carré de toile blanche bien tendu et mouillé "fermait à la façon des théâtres d'ombres une ouverture qu'entourait "un petit manteau d'Arlequin. Deux douzaines de Lyonnais "attendaient avec cet air macabre et ce maintien confit qui leur est "habituel. On parlait à voix basse. Au dehors le tramway de Perrache "faisait grincer ses rails.

                        "Enfin, le lustre s'éteignit et aussitôt le transparent de "toile reçut une clarté brusque et cruelle. Au même moment se "déclencha un long tic-tac comparable à la crémaillère d'une horloge "lorsque les heures vont sonner. Une voix annonçait : « Mesdames, "Messieurs, la séance va commencer » : Une vue de la vallée usinière, "deux ouvriers sortent en haut, un chien traverse l'écran, s'arrête pour "aboyer en silence.

                        "Des bicyclettes, des gestes trop vifs, saccadés, "tremblotants, mais ils bougeaient, ils vivaient ! Ils grossissaient en se "dandinant. On vit arriver un arroseur municipal qu'un gosse arrosait et "aspergeait au milieu des rires. Et puis, on vit la Place des Cordeliers, "la Place Bellecour, des lieux de Lyon connus de tous."

Henri Béraud, « La gerbe d'or », 1928.

 

 

 

           

 

           

           

 

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